Le renouveau d'un peuple

Nous avions enfin atterri... En fait, il s'agissait plus d'un crash que d'un atterrissage. Le commandant du navire ayant fuit avant le drame, je m'étais arrangé pour mettre le cape sur la planète la plus proche de ce système inconnu. L'ordinateur de bord avait alors ciblé une planète glacée du nom de Cottman IV. Bien qu'elle semblait inhospitalière, notre équipage, ou du moins ce qu'il en restait, serait plus à l'abri ici que perdu dans l'espace. C'est tout ce dont je me rappelais avant mon réveil, ici, seul sur le pont du vaisseau, désorienté. Pas un bruit si ce n'est celui de ma propre respiration, et ce lancinant refrain.

"Boom boom, boom boom, boom boom".

Tapait-on a la porte, sur la coque ? Serait-ce des secours nous ayant vu, navire en détresse par cette nuit noire, déchirant le ciel d'un flamboyant raie de lumière ? Non. Personne ne pouvait être dehors par un temps pareil. Et pourquoi n'entendais-je pas l'équipage ? Ce n'était pas normal, il devrait y avoir des cris. Des cris de joie, des cris de peur, de douleur. Rien. Seulement ce refrain.

"Boom boom, boom boom, boom boom".

Les instruments de bord ne semblant plus fonctionner, j'avais alors décidé de les chercher. Je criais les noms de mes camarades, je criais le noms de mes compagnons d'infortune, de mes amis pour certains. Ce vaisseau était si grand. Il devait nous emmener sur une nouvelle colonie, une planète pleine de richesse du nom d'Othalla. Toutefois une avarie en avait décidée autrement. Si le commandant ne nous avait pas abandonnée avec quelques scientifiques, la brèche dans la coque n'aurait pas posé autant de problème.

"Boom boom, boom boom, boom boom".

L'équipage ! Ce devait être l'équipage qui tambourinait quelque part, un appel au secours, un cri de détresse qui s'accélérait maintenant que j'avais compris. Plusieurs heures passèrent et nous étions enfin réuni. D'un millier d'âme, nous étions à peine plus de la moitié. Le commandant les avait enfermé ici pour faciliter sa fuite, le sabotage de son propre navire, et sa tentative d'assassinat envers son second. Ce n'était donc pas la coque, ni les secours, ni même mes compagnons appelant à l'aide qui martelaient ce refrain. Les ayants trouvé, je voyais à présent le sang couler. Là, mon cœur tentait désespérément de continuer à jouer. Il s'en était fallu de peu, la lame n'avait que faiblement touché mon cœur, que le commandant aurait voulu transpercer. Au vu du sang, il du penser arriver à ses fins.

"Boom boom, boom boom, boom boom". Et puis plus rien.

Je ne me réveillais que cinq jours plus tard. Nous avions en effet eu du secours de la part d'une puissante alliance, la Ténébreuse. Durant ces jours, durant ces nuits, ils m'avaient prodigué de nombreux soins. Toutefois, ils m'apprirent que la plaie ne se refermerait jamais. Seule la lame m'ayant infligé cette blessure pourrait un jour la cautériser, car l'alliage composant l'arme avait laissé sa trace. Un poison élémentaire aussi rare que puissant sillonnait à présent mes veines.
De grandes discussions s'engagèrent avec l'alliance, pendant que je dirigeais la reconstruction de notre avenir avec mes compagnons. Dans cette univers inconnu, nous avions progressé. Oh bien sur, bien trop peu pour prétendre intégrer cette alliance, mais nous parvenions à des idées communes dans nos dialogues. L'aide précieuse apportée par ces membres, ainsi que leur soutien, nous fit avancer de plus en plus vite et ainsi, nous avons développer en peu de temps notre nouvelle planète mère, Atlantis. Suivirent deux autres colonies, Gallifrey dans un premier temps, puis notre destination d'origine, Othalla.

Je dirige actuellement le développement de nos mines de ressources, ainsi que la production d'ici peu d'une grande flotte. Mes compagnons ont trouvés un nouveau leader en ma personne, moi, Lenessy, ancien second de navire, pacifiste dans l'âme, mais depuis peu, ayant un ombre entourant mon cœur, je cherche la vérité sur le passé qui fit de mes compagnons et moi-même des réfugiés, puis des colons et enfin un nouveau peuple. Nouveau car sans aucune explication, ce poison inondant mes veines et qui devait m'entraîner dans les limbes, ce poison qui ne pouvait être éradiqué que par la lame m'ayant infligé ce tourment, ce poison là me permettait désormais de vivre bien plus longtemps. Il semblait stoppait mon vieillissement sans que l'on en connaisse la raison. Bien plus étrange, il ralentissait inexplicablement le vieillissement de mon peuple de plusieurs centaines d'années. En peu de temps, notre peau changea et devint presque transparente, laissant voir un sang violet, sensiblement phosphorescent, circuler dans nos veines. Nos sens accrus depuis lors, certains développèrent des dons exceptionnels ; télékinésie, force, intelligence supérieure, dons de guérison, capacité à s'affranchir de la gravité furent les plus courant.

Ma quête actuelle est donc de découvrir les mystères qui entourent notre nouvelle existence, tout en guidant mon peuple vers un avenir technologique, spirituel et pacifique. Ensemble nous seront puissant et aimant, assurant de notre mieux l'avenir de la galaxie. Nous prétons allégeance à cette alliance si celle-ci accueille en son sein une wing.

Les Gardiens des Tours de Laran que j’ai dépêché auprès de vous et qui vous prodiguent les soins et la surveillance bienveillante les plus intenses depuis votre accidentelle arrivée sur notre planète Cottman IV m’informent à l’instant que vos esprits vous semblent presque totalement revenus et que votre état physiologique paraît enfin stabilisé.

Vous sachant enfin hors de danger dans l’immédiat et tout autant bien disposé que votre état l’autorise, vous me permettrez de saisir cet instant pour me présenter officiellement à vous au nom du Gouvernement de l’alliance Ténébreuse pour vous assurer de votre  bienvenue sur Cottman IV malgré la terrible infortune et la trahison de votre commandant qui vous auront conduit accidentellement jusqu’à nous.

Il est heureux néanmoins que vous ayez réussi à vous poser à quelques miles de la barrière glaciaire au delà de laquelle nous ne vous aurions été d'aucun secours...



Je suis Leon IV, co-gouverneur et fondateur de Cottman et de l’alliance de Ténébreuse, je suis un Ténébran, descendant des premiers colons de la planète mère et possesseur du Laran. Je ne vous cacherai pas les inquiétudes que je vous porte concernant l’étrange blessure et le poison inconnu que vous portez mais nous aurons le temps d’y revenir lorsque vous serez définitivement hors de danger.

En ces entre-faits, j’ai à vous rapporter de bonnes nouvelles concernant les travaux d’infrastructures et les nano-réparations apportés à votre vaisseau colonisateur. Le chantier progresse bien, les moteurs à combustions sont opérationnels à 65% et l'archivage de votre I.A. est presque entièrement restaurée.

J’ai cependant également le devoir de vous informer que les sondes que nous avons envoyées n’ont pu retrouver la trace de votre traitre de commandant déserteur.

Des buchers ardents ont été installés sur le littoral de la mère intérieure de Cottman pour accompagner vos âmes perdues comme le veut notre tradition mais n’étant point versé dans la connaissance religieuse et mortuaire des pratiques de votre peuple je vous laisserai m’en informer au plus tôt.

Je ne saurai enfin vous cacher la curiosité que j’éprouve devant les capacités psioniques que vous semblez développer, les Ténébrans en possèdent eux-mêmes au travers de ce que nous appelons le Laran. Mais nous aurons certainement l’occasion d’en disserter ensemble puisque vous semblez rejoindre notre univers.

Comme nos institutions l’exigent, votre entrée dans l’alliance sera soumise au vote de notre parlement dans les 7 prochains jours et sa décision vous sera bien entendu communiquée. Vous serez alors libre de choisir de repartir ou d’intégrer notre monde. Je peux néanmoins d’ores et déjà vous confirmer mon désir et mon intérêt dans l’union nos peuples et pouvoirs pour notre progression commune et notre évolution dans l’univers d’Orion.

D’ici-là, prenez le repos nécessaire à votre entier rétablissement et profitez malgré votre triste aventure du calme des jardins de glaces de notre parlement pour reposer votre esprit et faire quelques connaissances auprès de notre cour.



A très bientôt Lenessy, portez-vous bien et que les esprits de Ténébreuse vous protègent !

Merci pour cette touchante réponse. Sans vous, mes compagnons et moi-même ne serions sans doute plus là pour contempler les merveilles de vos terres. Je vous en serai éternellement reconnaissant. Il en va de même concernant vos actions honorant nos défunts compagnons et amis. Nos coutumes sont certes différentes, mais vous semblez attacher un grande importance à respecter la vie et celle qui n'est plus. Ces feux que vous avez érigés en sont l'exemple même, et nous vous en remercions.

Dans notre monde, nous accordons une grande place aux cérémonies funéraire. Elles scellent à jamais le passage des êtres qui nous sont chers vers l'au-delà, elles permettent de préparer son âme à affronter les tourments de ce voyage pour qu'ils puissent arriver au Khell sans encombre. Là, commence une nouvelle vie pour eux, où les bonnes actions de leur passé jouent un rôle important ;  elles sont garantes de la valeur de l'âme et conditionnent cette nouvelle vie. Les rituels que nous accomplissons lors de ces cérémonies, démontrent l'attachement que nous avions envers le défunt et lui assure un passage sans encombre. Je crains toutefois que nous ne puissions honorer ces pratiques, si ce n'est en partageant avec vous notre culture, et en vous narrant la façon dont nous accomplissions nos cérémonies.

Nous injectons dans un globe de cristal sculpté du deutérium enrichi pour symboliser la pureté de l'âme du défunt. Des inscriptions funéraires de la taille d'un micron sont gravées au laser sur le dessus de ce globe. Elles racontent la naissance, les bonnes actions et les circonstances de la mort du défunt. Cette sphère n'est pas très grosse, elle tient dans la paume de la main d'un enfant. Dans notre monde, sa taille correspondait exactement au bouton des roses de Shelen. C'est une fleur d'un rouge si intense que l'éclat d'un rubis paraît terne en comparaison. Elle a la particularité de fleurir en hiver, sur les montagnes de l'éternité. Transperçant la neige, leurs boutons s'ouvrent tous en même temps au petit matin, lorsque les premiers rayons des soleils touchent leurs pétales. Le spectacle est alors d'une beauté sans pareil. Ce long voile de neige recouvrant le sol est alors couvert d'un rouge sans nom. Les pétales fraîchement ouverts perlent en un instant de givre qui réfléchit la lumière des soleils. Les montagnes semblent alors flamboyer de reflets rose, orangé, rouge ou doré. Ce spectacle ne dure que trois jours par an, mais c'est à ce moment, peu avant l'éclosion, que nous cueillons le sommet d'une rose et le déposons dans le globe de cristal. Celui-ci brille alors autant que la fleur le ferait, et lorsque les trois roses y ont étaient déposées, chaque nuit le globe de cristal scintillera de ce rouge éternel.

Durant ces trois jours, les femmes, proches du défunt, ne prononcent aucune parole en public. Ce silence symbolise leur deuil. Tous les soirs pendant ces trois jours, elles pourront alors s'isoler avec le globe pour libérer leur voix qui est réserver au défunt. Ces trois soirs, seule l'âme du défunt aura le privilège de pouvoir entendre les femmes qui lui sont proches. Certains hommes, s'ils le souhaitent peuvent garder ce même silence, mais seules les femmes peuvent libérer leurs paroles à la sphère le soir venu.
Arrive la nuit de la cérémonie, qui réuni en communion toutes les personnes qui ont perdus un être cher durant l'année. Dans un grand cercle de pierre formé au sol, au cœur d'une plaine où la vue du ciel est dégagée, nous enflammons de petite essence de bois qui brûlent de longues heure et dégage une forte chaleur. Les globes de cristal sont alors déposés dans ce cercle et nous entonnons des prières. Le deutérium réagi à cette chaleur, et la sphère de cristal rougeoyante s'élève doucement vers le ciel où elle ne cessera jamais de s'élever. C'est le début du voyage de l'âme des défunts vers Khell, au travers des cieux et de l'espace.
Les hommes proches du défunt entameront alors trois jours de silences public. Ce silence symbolise leur deuil. Comme pour les femmes précédemment, Tous les soirs pendant ces trois jours, ils pourront alors s'isoler auprès du cercle de feu pour l'éteindre progressivement et libérer leur voix qui est réserver au défunt durant son voyage. Ces trois soirs, seule l'âme du défunt aura le privilège de pouvoir entendre les hommes qui lui sont proches. Certaines femmes, si elles le souhaitent peuvent garder ce même silence, mais seuls les hommes peuvent libérer leurs paroles auprès du cercle de feu le soir venu.

Ainsi s'achèvent les cérémonies funéraires.